Médicalisation de la société, nouvelles technologies de manipulation et régulation de la vie et de la mort, dénaturalisation des appartenances d’âge et de genre, nouvelles frontières dans la gestion de la maladie : le corps et la santé sont plus que jamais au centre de la scène sociale et des relations de pouvoir. Il suffit de penser à la crise sanitaire récente pour saisir l’ampleur des enjeux sociaux qu’elle révèle et suscite.

Le corps est également matière à conflits ; il est utilisé comme outil de revendication, comme un instrument pour se faire écouter ou comme une « surface » de contrôle des populations, par exemple dans la recherche de sécurité (biométrie, biosécurité) ou dans des formes de surveillance nouvelles ou renouvelées.

Dans ce domaine, la pensée de Michel Foucault a apporté une contribution centrale. Trente-cinq ans après sa mort, ce cours entend revisiter ses apports, les mettre à l’épreuve des transformations de la société contemporaine, analyser leur fécondité, leurs limites, leurs réappropriations dans le domaine des sciences sociales.

Ce cours a plusieurs objectifs : 1) analyser comment le corps, la santé et la « vie » sont devenus des leviers pour gouverner les individus et les sociétés 2) montrer le lien étroit entre des techniques de pouvoir, des savoirs et la création de sujets 3) discuter la manière dont les personnes, en situation, se saisissent de ces dispositifs, de ces connaissances et les transforment.

Nous verrons notamment comment des dispositifs de pouvoir ne fonctionnent pas de manière surplombante, mais ils sont appropriés par les individus pour se construire dans des formes de créativité sociale. Quels sujets le pouvoir construit-il ? Et comment s’affirment-ils ?
Chaque cours présente deux volets : une partie plus historique et une deuxième centrée sur des recherches récentes. Des projections et des études de cas viendront enrichir la réflexion sur l es apports théoriques.