- Cours (CM) 12h
- Cours intégrés (CI) -
- Travaux dirigés (TD) -
- Travaux pratiques (TP) -
- Travail étudiant (TE) -
Langue de l'enseignement : Français
Description du contenu de l'enseignement
LT36HM35 - Littérature du 19e siècle - M. MARQUER (lundi 8h-10h, salle 412)
Dates des séances : 05/02 ; 12/02 ; 19/02 ; 11/03 ; 18/03 ; 25/03
Modalités d’évaluation : un examen écrit le 08/04 (horaires du cours)
Un « petit monstre odieux » ? Le cas Julien Sorel
C’est par cette formule que Sainte-Beuve qualifiait le héros du Rouge et le Noir (1830), tandis qu’un critique anonyme voyait en lui un « monstre moral dans le sens de Geoffroy Saint-Hilaire » (Le Correspondant, 1831). Ce séminaire se propose d’examiner les raisons de ce jugement a priori contre-intuitif pour le lecteur contemporain, plutôt enclin à inscrire Julien Sorel dans la longue liste des héros romantiques ostracisés en raison de leur valeur, incomprise dans une société promouvant uniquement les médiocres. Mais justement : quelles valeurs incarne, exactement, le héros de Stendhal, et quelles passions sont en réalité mobilisées par ce jeune ambitieux, qui ne semble trouver la paix qu’en prison, et la sérénité que dans sa condamnation à mort ? Sa monstruosité, qui peut être interprétée comme le signe de son caractère hors-norme, propre au héros romantique, est également l’indice d’une mutation majeure, que cette « chronique de 1830 » (c’est le sous-titre du Rouge et le Noir) a pour fonction de décrire. Julien, ce parvenu qui ne parviendrait pas à ses fins, reproduit en effet les mœurs nouvelles d’une société dominée par le « règne de l’opinion », et agitée par une concurrence inédite entre individus. Ce « petit monstre » ne serait-il pas, finalement, « odieux » précisément en raison de sa capacité à incarner la crise morale engendrée, après la Révolution française, par l’idéal démocratique ? Tantôt perçu comme un révolutionnaire, tantôt comme le représentant d’un individualisme élitaire et réactionnaire, Jul ien est quoi qu’il en soit un animal politique, qui invite à réfléchir à l’évaluation morale (en termes d’éthique individuelle et de mœurs collectives) dont il a pu être le vecteur.
Éditions conseillées, à consutler pour leur appareil critique :
Le Rouge et le Noir, GF-Flammarion, 2013, édition de Marie Parmentier
Le Rouge et le Noir, Le Livre de Poche, 1972, édition de Michel Crouzet
Orientations bibliographiques
Michel Crouzet, « Julien Sorel et le sublime : étude de la poétique d’un personnage », RHLF, 1986, n° 1, p. 86-108. Repris dans Stendhal : la politique, l’éros, l’esthétique, Paris, Eurédit, 2003, p. 383-415.
Michel Crouzet, Le Héros fourbe chez Stendhal, ou hypocrisie, politique, séduction, amour dans le beylisme, Paris, SEDES, coll. « Littérature », 1986.
René Girard, Mensonge romantique et vérité romanesque, Paris, Grasset, 1961 ; rééd. Paris, Pluriel, 2011. [Voir les chap. I et V]
DUFOUR Philippe Dufour, Le réalisme pense la démocratie, Genève, La Baconnière, coll. « Langages », 2021
Dates des séances : 05/02 ; 12/02 ; 19/02 ; 11/03 ; 18/03 ; 25/03
Modalités d’évaluation : un examen écrit le 08/04 (horaires du cours)
Un « petit monstre odieux » ? Le cas Julien Sorel
C’est par cette formule que Sainte-Beuve qualifiait le héros du Rouge et le Noir (1830), tandis qu’un critique anonyme voyait en lui un « monstre moral dans le sens de Geoffroy Saint-Hilaire » (Le Correspondant, 1831). Ce séminaire se propose d’examiner les raisons de ce jugement a priori contre-intuitif pour le lecteur contemporain, plutôt enclin à inscrire Julien Sorel dans la longue liste des héros romantiques ostracisés en raison de leur valeur, incomprise dans une société promouvant uniquement les médiocres. Mais justement : quelles valeurs incarne, exactement, le héros de Stendhal, et quelles passions sont en réalité mobilisées par ce jeune ambitieux, qui ne semble trouver la paix qu’en prison, et la sérénité que dans sa condamnation à mort ? Sa monstruosité, qui peut être interprétée comme le signe de son caractère hors-norme, propre au héros romantique, est également l’indice d’une mutation majeure, que cette « chronique de 1830 » (c’est le sous-titre du Rouge et le Noir) a pour fonction de décrire. Julien, ce parvenu qui ne parviendrait pas à ses fins, reproduit en effet les mœurs nouvelles d’une société dominée par le « règne de l’opinion », et agitée par une concurrence inédite entre individus. Ce « petit monstre » ne serait-il pas, finalement, « odieux » précisément en raison de sa capacité à incarner la crise morale engendrée, après la Révolution française, par l’idéal démocratique ? Tantôt perçu comme un révolutionnaire, tantôt comme le représentant d’un individualisme élitaire et réactionnaire, Jul ien est quoi qu’il en soit un animal politique, qui invite à réfléchir à l’évaluation morale (en termes d’éthique individuelle et de mœurs collectives) dont il a pu être le vecteur.
Éditions conseillées, à consutler pour leur appareil critique :
Le Rouge et le Noir, GF-Flammarion, 2013, édition de Marie Parmentier
Le Rouge et le Noir, Le Livre de Poche, 1972, édition de Michel Crouzet
Orientations bibliographiques
- Sur Le Rouge et le Noir
Michel Crouzet, « Julien Sorel et le sublime : étude de la poétique d’un personnage », RHLF, 1986, n° 1, p. 86-108. Repris dans Stendhal : la politique, l’éros, l’esthétique, Paris, Eurédit, 2003, p. 383-415.
Michel Crouzet, Le Héros fourbe chez Stendhal, ou hypocrisie, politique, séduction, amour dans le beylisme, Paris, SEDES, coll. « Littérature », 1986.
René Girard, Mensonge romantique et vérité romanesque, Paris, Grasset, 1961 ; rééd. Paris, Pluriel, 2011. [Voir les chap. I et V]
- Ouvrages plus généraux
DUFOUR Philippe Dufour, Le réalisme pense la démocratie, Genève, La Baconnière, coll. « Langages », 2021